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MOLL FLANDERS

seignements ; qu’elle pensait avoir mis la main sur la fortune pour lui, quand elle m’avait amenée à lui, mais qu’il s’était trouvé qu’elle avait été déçue, ce dont il ne pouvait vraiment lui vouloir ; que si j’avais eu un état, ainsi qu’elle en avait été informée, il avait résolu de quitter la grand’route et de vivre d’une nouvelle vie, sans jamais paraître en public avant qu’on eût publié quelque pardon général, où qu’il eût pu faire mettre son nom, pour de l’argent, dans quelque rémission particulière, de façon à être parfaitement à l’aise ; mais que les choses ayant tourné autrement, il avait dû reprendre son vieux métier.

Il me fit un long récit de quelques-unes de ses aventures, et en particulier d’une où il pilla les coches de West-Chester, près Lichfield, où il fit un gros butin ; et ensuite, comment il vola cinq éleveurs dans l’Ouest, qui s’en allaient à la foire de Burford, en Wiltshire, pour acheter des moutons ; il me dit qu’il avait pris tant d’argent sur ces deux coups que s’il eût su où me trouver, il aurait certainement accepté ma proposition d’aller tous deux en Virginie ; ou de nous établir sur une plantation ou dans quelque autre colonie anglaise d’Amérique.

Il me dit qu’il m’avait écrit trois lettres et qu’il les avait adressées conformément à ce que je lui avais dit, mais qu’il n’avait point eu de mes nouvelles. C’est ce que je savais bien, en vérité ; mais ces lettres m’étant venues en main dans le temps de mon dernier mari, je n’y pouvais rien faire, et je n’avais donc point fait de réponse, afin qu’il pensât qu’elles se fussent perdues.

Je m’enquis alors des circonstances de son cas pré-