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MOLL FLANDERS

ainsi que la manière de leur conduite pendant le voyage ; de laquelle je possède un divertissant récit qui me fut donné par le capitaine du navire qui les transportait, et qu’il avait fait écrire en grand détail par son second.

On pourra sans doute penser qu’il est inutile d’entrer ici dans la narration de tous les petits incidents qui me survinrent pendant cet intervalle de mes circonstances, je veux dire, entre l’ordre final de ma déportation et le moment que je m’embarquai, et je suis trop près de la fin de mon histoire pour y donner place ; mais je ne saurais omettre une chose qui se passa entre moi et mon mari de Lancashire.

Il avait été transféré, ainsi que je l’ai remarqué déjà de la section du maître à la prison ordinaire, dans le préau, avec trois de ses camarades : car on en trouva un autre à leur joindre après quelque temps ; là, je ne sais pour quelle raison, on les garda sans les mettre en jugement près de trois mois. Il semble qu’ils trouvèrent le moyen de corrompre ou d’acheter quelques-uns de ceux qui devaient témoigner contre eux, et qu’on manquait de preuves pour les condamner. Après quelque embarras sur ce sujet, ils s’efforcèrent d’obtenir assez de preuves contre deux d’entre eux pour leur faire passer la mer ; mais les deux autres, desquels mon mari du Lancashire était l’un, restaient encore en suspens. Ils avaient, je crois, une preuve positive contre chacun d’eux ; mais la loi les obligeant à produire deux témoins, ils ne pouvaient rien en faire ; pourtant, ils étaient résolus à ne point non plus relâcher ces hommes ; persuadés qu’ils étaient d’obtenir témoignage à la fin et, à cet effet, on fit publier, je crois, que tels et tels prisonniers avaient été arrêtés, et que