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MOLL FLANDERS

— Mais, monsieur, dit le commissaire, j’espère bien que vous viendrez avec nous, puisque c’est vous qui me l’avez mandée.

— Non, par ma foi, dit le mercier ; je vous répète que je n’ai rien à lui dire.

— Pardonnez-moi, monsieur, mais il le faut, dit le commissaire : je vous en prie, dans votre propre intérêt ; le juge ne peut rien faire sans vous.

— S’il vous plaît, mon ami, dit le mercier, allez à vos affaires ; je vous dis encore une fois que je n’ai rien à dire à cette dame ; au nom du roi je vous ordonne de la relâcher.

— Monsieur, dit le commissaire, je vois bien que vous ne savez point ce que c’est que d’être commissaire ; je vous supplie de ne pas m’obliger à vous rudoyer.

— Voilà qui est inutile, dit le mercier, car vous me rudoyez assez déjà.

— Non, monsieur, dit le commissaire, je ne vous rudoie point ; vous avez enfreint la paix en menant une honnête femme hors de la rue, où elle était à ses affaires, en la confinant dans votre boutique, et en la faisant maltraiter ici par vos valets ; et à cette heure vous dites que je vous rudoie ? Je crois montrer beaucoup de civilité vraiment en ne vous ordonnant pas de m’accompagner, au nom du roi, requérant tout homme que je verrais passer votre porte de me prêter aide et assistance pour vous emmener par force ; voilà ce que j’ai pouvoir de faire, et vous ne l’ignorez point ; pourtant je m’en abstiens et une fois encore je vous prie de venir avec moi.

Eh bien, malgré tout ce discours il refusa et parla