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MOLL FLANDERS

quoiqu’il convînt que je n’avais pas été dans sa boutique.

Je commençai de relever la tête avec assez d’insolence, et lui dis que j’espérais qu’il ne serait point surpris si je réclamais satisfaction de ses offenses ; et que je le priais de faire chercher mes amis afin que justice me fût rendue. Non, dit-il, c’était une chose dont il ne pouvait me donner la liberté ; je la pourrais demander quand je viendrais devant la justice de paix ; et, puisqu’il voyait que je le menaçais, il ferait bonne garde sur moi cependant, et veillerait à ce que je fusse mise à l’ombre dans Newgate. Je lui dis que c’était son temps maintenant, mais que ce serait le mien tout à l’heure, et je gouvernai ma colère autant qu’il me fût possible : pourtant je parlai au commissaire afin qu’il appelât un commissionnaire, ce qu’il fit, et puis je demandai plume, encre et papier, mais ils ne voulurent point m’en donner. Je demandai au commissionnaire son nom, et où il demeurait, et le pauvre homme me le dit bien volontiers ; je le priai de remarquer et de se rappeler la manière dont on me traitait là ; qu’il voyait qu’on m’y détenait par force ; je lui dis que j’aurais besoin de lui dans un autre endroit, et qu’il n’en serait pas plus mal s’il y savait parler. Le commissionnaire me dit qu’il me servirait de tout son cœur.

— Mais, madame, dit-il, souffrez que je les entende refuser de vous mettre en liberté, afin que je puisse parler d’autant plus clairement.

Là-dessus je m’adressai à haute voix au maître de la boutique et je lui dis :

— Monsieur, vous savez en âme et conscience que