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MOLL FLANDERS

sans nul désagrément ou sans me dire adieu ; de sorte que là se termina cette courte scène de vie qui m’apporta peu de chose vraiment, sinon pour me donner plus grand sujet de me repentir.

Durant tout cet intervalle, je m’étais confinée la plupart du temps à la maison ; du moins suffisamment pourvue, je n’avais point fait d’aventures, non, de tout le quart d’une année ; mais alors, trouvant que le fonds manquait, et, répugnante à dépenser le capital, je me mis à songer à mon vieux métier et à regarder autour de moi dans la rue ; et mon premier pas fut assez heureux.

Je m’étais vêtue d’habits très pauvres ; car, ayant différentes formes sous lesquelles, je paraissais, je portais maintenant une robe d’étoffe ordinaire, un tablier bleu et un chapeau de paille ; et je me plaçai à la porte de l’hôtellerie des Trois-Coupes dans Saint-John’s Street. Il y avait plusieurs rouliers qui descendaient d’ordinaire à cette hôtellerie, et les coches à relais pour Barnet, Totteridge, et autres villes de cette région, étaient toujours là dans la rue, le soir, au moment qu’ils se préparaient à partir ; de sorte que j’étais prête pour tout ce qui se présenterait. Voici ce que je veux dire : beaucoup de gens venaient à ces hôtelleries avec des ballots et de petits paquets, et demandaient tels rouliers ou coches qu’il leur fallait, pour les porter à la campagne ; et d’ordinaire il y a devant la porte, des filles, femmes de crocheteurs ou servantes, qui attendent pour porter ces paquets pour ceux qui les y emploient.

Il arriva assez étrangement que j’étais debout devant