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MOLL FLANDERS

rait officiellement, il ne prît pas en mauvaise part qu’elle se fût mêlée de ce qui n’était point ses affaires ; elle l’assura qu’ainsi que ce qu’elle avait à dire était un secret qui n’appartenait qu’à lui, ainsi, qu’il acceptât son offre ou non, la chose resterait secrète pour tout le monde, à moins qu’il la publiât lui-même ; et que son refus ne lui ôterait pas le respect qu’elle entretenait pour lui, au point qu’elle lui fit la moindre injure, de sorte qu’il avait pleine liberté d’agir ainsi qu’il le jugerait bon.

Il prit l’air fort fuyant d’abord et dit qu’il ne connaissait rien en ses affaires qui demandât beaucoup de secret, qu’il n’avait jamais fait tort à personne et qu’il ne se souciait pas de ce qu’on pouvait dire de lui ; que ce n’était point une partie de son caractère d’être injuste pour quiconque et qu’il ne pouvait point s’imaginer en quoi aucun homme pût lui rendre service, mais que s’il était ainsi qu’elle avait dit, il ne pouvait se fâcher qu’on s’efforçât de le servir, et qu’il la laissait donc libre de parler ou de ne point parler à sa volonté.

Elle le trouva si parfaitement indifférent qu’elle eut presque de la crainte à aborder la question. Cependant après plusieurs détours, elle lui dit que par un accident incroyable, elle était venue à avoir une connaissance particulière de cette malheureuse aventure où il était tombé, et en une manière telle qu’il n’y avait personne au monde qu’elle-même et lui qui en fussent informés, non, pas même la personne qui avait été avec lui.

Il prit d’abord une mine un peu en colère.

— Quelle aventure ? dit-il.

— Mais, dit elle, quand vous avez été volé au moment