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MOLL FLANDERS

celui de la dernière histoire que j’ai dite, et fut vraiment en partie l’occasion de la proposition que me fit ma gouvernante de me vêtir d’habits d’homme, afin d’aller partout sans être remarquée ; mais je fus bientôt lasse de ce déguisement, ainsi que j’ai dit, parce qu’il m’exposait à trop de difficultés.

J’étais maintenant tranquille, quant à toute crainte de témoignages rendus contre moi ; car tous ceux qui avaient été mêlés à mes affaires ou qui me connaissaient sous le nom de Moll Flanders étaient pendus ou déportés ; et si j’avais eu l’infortune de me faire prendre, j’aurais pu m’appeler de tout autre nom que Moll Flanders, sans qu’on parvînt à me charger d’aucun ancien crime ; si bien que j’entamai mon nouveau crédit avec d’autant plus de liberté et j’eus plusieurs heureuses aventures, quoique assez peu semblables à celles que j’avais eues auparavant.

Nous eûmes à cette époque un autre incendie qui survint non loin du lieu où vivait ma gouvernante et je fis là une tentative comme avant, mais n’y étant pas arrivée avant que la foule s’amassât, je ne pus parvenir jusqu’à la maison que je visais, et au lieu de butin, je rencontrai un malheur qui pensa mettre fin tout ensemble à ma vie et à mes mauvaises actions ; car le feu étant fort furieux, et les gens en grande frayeur, qui déménageaient leurs meubles et les jetaient par la croisée, une fille laissa tomber d’une fenêtre un lit de plume justement sur moi ; il est vrai que le lit de plume étant mol, ne pouvait point me briser les os ; mais comme le poids était fort grand, il s’augmentait de sa chute, je fus renversée à terre et je demeurai un moment comme