Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.
265
MOLL FLANDERS

pale circonstance, c’est-à-dire mon sexe, j’avais un vaste avantage, et il ne put arriver à moi ; il mit dans la peine deux ou trois familles par ses efforts pour me retrouver ; mais on n’y savait rien de moi, sinon qu’il avait eu un camarade, qu’on avait vu, mais sur lequel on ne savait rien ; et quant à ma gouvernante, bien qu’elle eût été l’intermédiaire qui nous fit rencontrer, pourtant la chose avait été faite de seconde main, et il ne savait rien d’elle non plus.

Ceci tourna à son désavantage, car ayant fait la promesse de découvertes sans pouvoir la tenir, on considéra qu’il avait berné la justice, et il fut plus férocement poursuivi par le boutiquier.

J’étais toutefois affreusement inquiète pendant tout ce temps, et afin d’être tout à fait hors de danger, je quittai ma gouvernante pour le moment, mais ne sachant où aller, j’emmenai une fille de service, et je pris le coche pour Dunstable où j’allai voir mon ancien hôte et mon hôtesse, à l’endroit où j’avais si bravement vécu avec mon mari du Lancashire ; là je lui contai une histoire affectée, que j’attendais tous les jours mon mari qui revenait d’Irlande, et que je lui avais envoyé une lettre pour lui faire savoir que je le joindrais à Dunstable dans son hôtellerie, et qu’il débarquerait certainement, s’il avait bon vent, d’ici peu de jours ; de sorte que j’étais venue passer quelques jours avec eux en attendant son arrivée ; car il viendrait ou bien par la poste ou bien par le coche de West-Chester, je ne savais pas au juste ; mais quoi que ce fût, il était certain qu’il descendrait dans cette maison afin de me joindre.

Mon hôtesse fut extrêmement heureuse de me voir,