Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.
254
MOLL FLANDERS

hardiesse sur leur part et d’épaisse négligence sur celle des personnes volées ; de sorte que je résolus dorénavant d’apporter infiniment de prudence à m’aventurer avec eux ; et vraiment deux ou trois projets malheureux ayant été proposés par eux, je déclinai l’offre, et leur persuadai d’y renoncer. Une fois ils avaient particulièrement proposé de voler à un horloger trois montres d’or qu’ils avaient guettées pendant la journée pour trouver le lieu où il les serrait ; l’un d’eux avait tant de clefs de toutes les sortes qu’il ne faisait point de doute d’ouvrir le lieu où l’horloger les avait serrées ; et ainsi nous fîmes une espèce d’arrangement ; mais quand je vins à examiner étroitement la chose, je trouvai qu’ils se proposaient de forcer la maison, en quoi je ne voulus point m’embarquer, si bien qu’ils y allèrent sans moi. Et ils pénétrèrent dans la maison par force et firent sauter les serrures à l’endroit où étaient les montres, mais ne trouvèrent qu’une des montres d’or, et une d’argent, qu’ils prirent, et ressortirent de la maison, le tout très nettement ; mais la famille ayant été alarmée se mit à crier : Au voleur ! et l’homme fut poursuivi et pris ; la jeune femme s’était enfuie aussi, mais malheureusement se fit arrêter au bout d’une certaine distance, et les montres furent trouvées sur elle ; et ainsi j’échappai une seconde fois, car ils furent convaincus et pendus tous deux, étant délinquants anciens, quoique très jeunes ; et comme j’ai dit avant, ainsi qu’ils avaient volé ensemble, ainsi maintenant furent-ils pendus ensemble, et là prit fin ma nouvelle association.

Je commençai maintenant d’être très circonspecte, ayant échappé de si près à me faire échauder, et avec