Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
MOLL FLANDERS

modes, et en particulier dans une boutique où deux jeunes femmes étaient nouvellement établies sans avoir été élevées dans le métier ; là j’emportai une pièce de dentelle au fuseau qui valait six ou sept livres, et un papier de fil ; mais ce ne fut qu’une fois ; c’était un tour qui ne pouvait pas resservir.

Nous regardions toujours l’affaire comme un coup sûr, chaque fois que nous entendions parler d’une boutique nouvelle, surtout là où les gens étaient tels qui n’avaient point été élevés à tenir boutique ; tels peuvent être assurés qu’ils recevront pendant leurs débuts deux ou trois visites ; et il leur faudrait être bien subtils, en vérité, pour y échapper.

J’eus une ou deux aventures après celle-ci, mais qui ne furent que bagatelles. Rien de considérable ne s’offrant pendant longtemps, je commençai de penser qu’il fallait sérieusement renoncer au métier ; mais ma gouvernante qui n’avait pas envie de me perdre, et espérait de moi de grandes choses, m’introduisit un jour dans la société d’une jeune femme et d’un homme qui passait pour son mari ; quoiqu’il parut ensuite que ce n’était pas sa femme, mais qu’ils étaient complices tous deux dans le métier qu’ils faisaient, et en autre chose non moins. En somme ils volaient ensemble, couchaient ensemble, furent pris ensemble et finalement pendus ensemble.

J’entrai dans une espèce de ligue avec ces deux par l’aide de ma gouvernante et ils me firent prendre part à trois ou quatre aventures, où je leur vis plutôt commettre quelques vols grossiers et malhabiles, en quoi rien ne put leur donner le succès qu’un grand fonds de