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MOLL FLANDERS

— Hélas ! maîtresse, dit-elle d’un ton piteux, vous allez laisser tomber cet enfant ; allons, allons, voilà un triste temps, souffrez que je vous aide.

Et immédiatement elle met la main sur mon paquet afin de le porter pour moi.

— Non, dis-je, si vous voulez m’aider, prenez l’enfant par la main, aidez-moi à le conduire seulement jusqu’au haut de la rue ; j’irai avec vous et je vous payerai pour la peine.

Elle ne put mais que d’aller, après ce que j’avais dit, mais la créature, en somme, était du même métier que moi, et ne voulait rien que le paquet ; pourtant elle vint avec moi jusqu’à la porte, car elle ne put faire autrement. Quand nous fûmes arrivés là, je lui dis à l’oreille :

— Va, mon enfant, lui dis-je, je connais ton métier, tu peux rencontrer assez d’autres affaires.

Elle me comprit, et s’en alla ; je tambourinai à la porte avec les enfants, et comme les gens de la maison s’étaient levés déjà au tumulte de l’incendie, on me fit bientôt entrer, et je dis :

— Madame est-elle éveillée ? Prévenez-la je vous prie, que Mme *** sollicite d’elle la faveur de prendre chez elle ces deux enfants ; pauvre dame, elle va être perdue ; leur maison est toute en flammes.

Ils firent entrer les enfants de façon fort civile, s’apitoyèrent sur la famille dans la détresse, et me voilà partie avec mon paquet. Une des servantes me demanda si je ne devais pas laisser le paquet aussi. Je dis :

— Non, mon doux cœur, c’est pour un autre endroit ; cela n’est point à eux.

J’étais à bonne distance de la presse, maintenant ; si