— Avez vous appelé ?
Je parlai d’un air mélancolique et dis :
— Non, le garçon est allé me chercher une pinte de bière.
Pendant que j’étais assise là, j’entendis la femme au comptoir qui disait :
— Sont-ils tous partis au cinq ? — qui était le réduit où je m’étais assise, — et le garçon lui dit que oui.
— Qui a desservi le pot ? demanda la femme.
— Moi, dit un autre garçon : tenez, le voilà : indiquant paraît-il, un autre pot qu’il avait emporté d’un autre réduit par erreur ; ou bien il faut que le coquin eût oublié qu’il ne l’avait pas emporté, ce qu’il n’avait certainement pas fait.
J’entendis tout ceci bien à ma satisfaction, car je trouvai clairement qu’on ne s’apercevait pas que le pot manquait et qu’on pensait qu’il eût été desservi. Je bus donc ma bière : j’appelai pour payer, et comme je partais, je dis :
— Prenez garde, mon enfant, à votre argenterie.
Et j’indiquai un pot d’argent d’une pinte où il m’avait apporté à boire ; le garçon dit :
— Oui, madame, à la bonne heure, — et je m’en allai.
Je rentrai chez ma gouvernante et me dis que le temps était venu de la mettre à l’épreuve, afin que, si j’étais mise dans la nécessité d’être découverte, elle pût m’offrir quelque assistance. Quand je fus restée à la maison quelques moments, et que j’eus l’occasion de lui parler, je lui dis que j’avais un secret de la plus grande importance au monde à lui confier, si elle avait assez de respect pour