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MOLL FLANDERS

argent. Elle demanda ce que c’était que j’avais. Je tirai le cordon de perles d’or, et lui dis que c’était un des cadeaux que mon mari m’avait faits ; puis je lui fis voir les deux pièces de soie que je lui dis que j’avais eues d’Irlande et apportées en ville avec moi, et le petit anneau de diamant. Pour ce qui est du petit paquet d’argenterie et de cuillers, j’avais trouvé moyen d’en disposer toute seule auparavant ; et quant au trousseau du bébé que j’avais, elle m’offrit de le prendre elle-même, pensant que ce fût le mien. Elle me dit qu’elle s’était faite prêteuse sur gages et qu’elle vendrait ces objets pour moi, comme s’ils lui eussent été engagés ; de sorte qu’elle fit chercher au bout d’un moment les agents dont c’était l’affaire, et qui lui achetèrent tout cela, étant en ses mains, sans aucun scrupule, et encore en donnèrent de bons prix.

Je commençai maintenant de réfléchir que cette femme nécessaire pourrait m’aider un peu en ma basse condition à quelque affaire ; car j’aurais joyeusement tourné la main vers n’importe quel emploi honnête, si j’eusse pu l’obtenir ; mais des affaires honnêtes ne venaient pas à portée d’elle. Si j’avais été plus jeune, peut-être qu’elle eût pu m’aider ; mais mes idées étaient loin de ce genre de vie, comme étant entièrement hors de toute possibilité à cinquante ans passés, ce qui était mon cas, et c’est ce que je lui dis.

Elle m’invita enfin à venir et à demeurer dans sa maison jusqu’à ce que je pusse trouver quelque chose à faire et que cela me coûterait très peu et c’est ce que j’acceptai avec joie ; et maintenant, vivant un peu plus à l’aise, j’entrai en quelques mesures pour faire retirer le petit garçon que j’avais eu de mon dernier mari ; et sur ce