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MOLL FLANDERS

l’une un petit anneau de diamant, l’autre une bague d’or simple ; elles avaient été laissées là sûrement par quelque dame écervelée, qui avait plus d’argent que de jugement, peut-être seulement jusqu’à ce qu’elle se fût lavé les mains.

Je passai à plusieurs reprises près de la fenêtre pour observer si je pouvais voir qu’il y eût personne dans la chambre ou non, et je ne pus voir personne, mais encore n’étais pas sûre ; un moment après il me vint à l’idée de frapper contre la vitre ; comme si j’eusse voulu parler à quelqu’un, et s’il y avait là personne, on viendrait sûrement à la fenêtre, et je leur dirais alors de ne point laisser là ces bagues parce que j’avais vu deux hommes suspects qui les considéraient avec attention. Sitôt pensé, sitôt fait ; je cognai une ou deux fois, et personne ne vint, et aussitôt je poussai fortement le carreau qui se brisa avec très peu de bruit et j’enlevai les deux bagues et m’en allai ; l’anneau de diamant valait 3 £ et l’autre à peu près 9 shillings.

J’étais maintenant en embarras d’un marché pour mes marchandises, et en particulier pour mes pièces de soie. J’étais fort répugnante à les abandonner pour une bagatelle, ainsi que le font d’ordinaire les pauvres malheureux voleurs qui après avoir aventuré leur existence pour une chose qui a peut-être de la valeur, sont obligés de la vendre pour une chanson quand tout est fait ; mais j’étais résolue à ne point faire ainsi, quelque moyen qu’il fallût prendre ; pourtant je ne savais pas bien à quel expédient recourir. Enfin je me résolus à aller trouver ma vieille gouvernante, et à refaire sa connaissance. Je lui avais ponctuellement remis ses cinq livres