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MOLL FLANDERS

demandai dans quelle intention il était, car je voulais pousser plus avant le voyage ; il dit que non, que j’avais besoin d’un peu de repos en route, et que c’était là une maison de fort bonne espèce, quoique la ville fût bien petite ; de sorte que nous n’irions pas plus loin cette nuit, quoi qu’il en advînt.

Je n’insistai pas beaucoup, car puisqu’il était venu si loin pour me rencontrer et s’était mis en si grands frais, il n’était que raisonnable de l’obliger un peu, moi aussi ; de sorte que je cédai facilement sur ce point.

Après dîner, nous allâmes visiter la ville, l’église et voir les champs et la campagne, ainsi que les étrangers ont coutume de faire ; et notre hôte nous servit de guide pour nous conduire à l’église. J’observai que mon monsieur s’informait assez du ministre, et j’eus vent aussitôt qu’il allait proposer de nous marier ; et il s’ensuivit bientôt qu’en somme je ne le refuserais pas ; car, pour parler net, en mon état, je n’étais point en condition maintenant de dire « non » ; je n’avais plus de raison maintenant d’aller courir de tels risques.

Mais tandis que ces pensées me tournaient dans la tête, ce qui ne fut que l’affaire de peu d’instants, j’observai que mon hôte le prenait à part et lui parlait à voix basse, quoique non si basse que je ne pusse entendre ces mots : « Monsieur, si vous devez avoir occasion… » Le reste, je ne pus l’entendre, mais il semble que ce fût à ce propos : Monsieur, si vous devez avoir occasion d’employer un ministre, j’ai un ami tout près qui vous servira et qui sera aussi secret qu’il pourra vous plaire. »

Mon monsieur répondit assez haut pour que je l’entendisse :