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MOLL FLANDERS

vêtements, portait du linge, et tout sur elle était fort propre ; et, le cœur lourd, après beaucoup de larmes, je lui laissai prendre mon enfant. Je m’étais rendue à Hertford pour la voir, et son logement, qui me plut assez ; et je lui promis des merveilles si elle voulait être bonne pour l’enfant ; de sorte que dès les premiers mots elle sut que j’étais la mère de l’enfant : mais elle semblait être si fort à l’écart, et hors d’état de s’enquérir de moi, que je crus être assez en sûreté, de sorte qu’en somme, je consentis à lui laisser l’enfant, et je lui donnai 10 £, c’est-à-dire que je les donnai à ma gouvernante qui les donna à la pauvre femme en ma présence, elle s’engageant à ne jamais me rendre l’enfant ou réclamer rien de plus pour l’avoir nourri et élevé ; sinon que je lui promettais, si elle en prenait grand soin, de lui donner quelque chose de plus aussi souvent que je viendrais la voir. De sorte que je ne fus pas contrainte de payer les 5 £, sauf que j’avais promis à ma gouvernante de le faire. Et ainsi je fus délivrée de mon grand tourment en une manière qui, bien qu’elle ne me satisfît point du tout l’esprit, pourtant m’était la plus commode, dans l’état où mes affaires étaient alors, entre toutes celles où j’eusse pu songer.

Je commençai alors d’écrire à mon ami de la Banque dans un style plus tendre : et, en particulier, vers le commencement du mois de juillet. Je lui envoyai une lettre que j’espérais qu’il serait en ville à quelque moment du mois d’août ; il me retourna une réponse conçue dans les termes les plus passionnés qui se puissent imaginer, et me supplia de lui faire savoir mon arrivée à temps pour qu’il pût venir à ma rencontre à deux journées de distance. Ceci me jeta dans un cruel embarras,