partir. — Non, dit-elle, sa maison était grande ; et d’ailleurs elle ne mettait jamais en demeure de partir une dame qui venait de faire ses couches, jusqu’à ce qu’elle s’en allât de son plein gré ; et que si on lui amenait plus de dames qu’elle n’en pouvait loger, elle n’était pas si mal vue parmi ses voisins qu’elle ne pût trouver dispositions pour vingt, s’il le fallait.
Je trouvai que c’était une dame éminente à sa façon, et en somme je m’accordai à me remettre entre ses mains ; elle parla alors d’autres choses, examina l’installation où j’étais, fit ses critiques sur le mauvais service et le manque de commodité, et me promit que je ne serais point ainsi traitée dans sa maison. Je lui avouai que je n’osais rien dire, à cause que la femme de la maison avait un air étrange, ou du moins qu’elle me paraissait ainsi, depuis que j’avais été malade, parce que j’étais grosse ; et que je craignais qu’elle me fît quelque affront ou autre, supposant que je ne pourrais donner qu’un rapport médiocre sur ma personne.
— Oh Dieu ! dit-elle, cette grande dame n’est point étrangère à ces choses ; elle a essayé d’entretenir des dames qui étaient en votre condition, mais elle n’a pu s’assurer de la paroisse ; et, d’ailleurs, une dame fort prude, ainsi que vous l’avez très bien vu ; toutefois, puisque vous partez, n’engagez point de discussion avec elle ; mais je vais veiller à ce que vous soyez un peu mieux soignée pendant que vous êtes encore ici, et il ne vous en coûtera pas davantage.
Je ne la compris pas ; pourtant je la remerciai et nous nous séparâmes. Le matin suivant, elle m’envoya un poulet rôti et chaud et une bouteille de sherry, et