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MOLL FLANDERS

— Oui, mais, dis-je, vous m’empêchez absolument de jamais revenir.

— Comment cela ? dit-il, l’air assez surpris.

— Parce que, dis-je, vous ne sauriez vous attendre à ce que je revienne vous voir sur le propos dont vous parlez.

— Bon, dit-il, vous allez me promettre de revenir tout de même, et je n’en soufflerai plus mot jusqu’à ce que j’aie mon divorce ; mais je vous prie que vous vous prépariez à être en meilleure disposition quand ce sera fini, car vous serez ma femme, ou je ne demanderai point à divorcer ; voilà ce que je dois au moins à votre amitié inattendue, mais j’ai d’autres raisons encore.

Il n’eût rien pu dire au monde qui me donnât plus de plaisir ; pourtant, je savais que le moyen de m’assurer de lui était de reculer tant que la chose resterait aussi lointaine qu’elle semblait l’être, et qu’il serait grand temps d’accepter le moment qu’il serait libre d’agir ; de sorte que je lui dis fort respectueusement qu’il serait assez temps de penser à ces choses quand il serait en condition d’en parler ; cependant je lui dis que je m’en allais très loin de lui et qu’il trouverait assez d’objets pour lui plaire davantage. Nous brisâmes là pour l’instant, et il me fit promettre de revenir le jour suivant au sujet de ma propre affaire, ce à quoi je m’accordai, après m’être fait prier ; quoique s’il m’eût percée plus profondément, il eût bien vu qu’il n’y avait nul besoin de me prier si fort.

Je revins en effet le soir suivant, et j’amenai avec moi ma fille de chambre, afin de lui faire voir que j’avais une fille de chambre ; il voulait que je priasse cette fille d’at-