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MOLL FLANDERS

— Eh bien, monsieur, dis-je, il est plus aisé de donner conseil dans votre cas que dans le mien.

— Parlez alors, dit-il, je vous en supplie ; car voici que vous m’encouragez.

— Mais, dis-je, puisque votre position est si nette, vous pouvez obtenir un divorce légal, et alors vous trouverez assez d’honnêtes femmes que vous pourrez honorablement solliciter ; le sexe n’est pas si rare que vous ne puissiez découvrir ce qu’il vous faut.

— Bon, alors, dit-il, je suis sérieux, et j’accepte votre conseil ; mais auparavant je veux vous poser une question très grave.

— Toute question que vous voudrez, dis-je, excepté celle de tout à l’heure.

— Non, dit-il, je ne puis me contenter de cette réponse, car, en somme, c’est là ce que je veux vous demander.

— Vous pouvez demander ce qu’il vous plaira, dis-je, mais je vous ai déjà répondu là-dessus ; d’ailleurs, monsieur, dis-je, pouvez vous avoir de moi si mauvaise opinion que de penser que je répondrais à une telle question faite d’avance ? Est-ce que femme du monde pourrait croire que vous parlez sérieusement, ou que vous avez d’autre dessein que de vous moquer d’elle ?

— Mais, mais, dit-il, je ne me moque point de vous ; je suis sérieux, pensez-y.

— Voyons, monsieur, dis-je d’un ton un peu grave, je suis venue vous trouver au sujet de mes propres affaires ; je vous prie de me faire savoir le parti que vous me conseillez de prendre.

— J’y aurai réfléchi, dit-il, la prochaine fois que vous viendrez.