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MOLL FLANDERS

la Banque et qu’il s’était engagé à ne pas s’occuper d’autres affaires que de celles de son bureau ; il ajouta que son ami ne me demanderait rien pour son avis ou son assistance, et ceci, en vérité, m’encouragea.

Il fixa le même soir, après que la Banque serait fermée, pour me faire rencontrer avec son ami. Aussitôt que j’eus vu cet ami et qu’il n’eut fait que commencer à parler de ce qui m’amenait, je fus pleinement persuadée que j’avais affaire à un très honnête homme ; son visage le disait clairement, et sa renommée, comme je l’appris plus tard, était partout si bonne, que je n’avais plus de cause d’entretenir des doutes.

Après la première entrevue, où je dis seulement ce que j’avais dit auparavant, il m’appointa à venir le jour suivant, me disant que cependant je pourrais me satisfaire sur son compte par enquête, ce que toutefois je ne savais comment faire, n’ayant moi-même aucune connaissance.

En effet, je vins le trouver le lendemain, que j’entrai plus librement avec lui dans mon cas ; je lui exposai amplement ma condition : que j’étais une veuve venue d’Amérique complètement esseulée et sans amis, que j’avais un peu d’argent, mais bien peu, et que j’étais près d’être forcenée de crainte de le perdre, n’ayant point d’ami au monde à qui en confier le soin ; que j’allais dans le nord de l’Angleterre pour y vivre à bon compte, et ne pas gaspiller mon capital ; que, bien volontiers je placerais mon argent à la Banque, mais que je n’osais me risquer à porter les billets sur moi ; et comment correspondre là-dessus, ou avec qui, voilà ce que je ne savais point.