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MOLL FLANDERS

clerc, à qui je m’adressais, fort honnête pour moi, et de si bonne foi qu’un jour j’avais mal compté mon argent et pris moins que mon dû, comme je m’en allais, il me fit remarquer l’erreur et me donna la différence qu’il eût pu mettre dans sa poche.

J’allai donc le trouver, et lui demandai s’il voulait bien prendre la peine de me donner un conseil, à moi, pauvre veuve sans amis, qui ne savais comment faire. Il me dit que si je désirais son opinion sur quoi que ce fût dans ce qui touchait à ses affaires, il ferait de son mieux pour m’empêcher d’éprouver aucun tort ; mais qu’il me recommanderait aussi à une bonne personne sobre de ma connaissance, qui était également clerc dans les mêmes affaires, quoique non dans leur maison, dont le jugement était sain, et de l’honnêteté de qui je pouvais être assurée.

— Car, ajouta-t-il, je répondrai pour lui et pour chaque pas qu’il fera ; s’il vous fait tort, madame, d’un fardin, que la faute en soit rejetée sur moi ; et il est enchanté de venir en aide à des gens qui sont dans votre situation : il le fait par acte de charité.

Je fus un peu prise de court à ces paroles, mais après un silence, je lui dis que j’eusse préféré me fier à lui, parce que je l’avais reconnu honnête, mais que si cela ne pouvait être, je prendrais sa recommandation, plutôt que celle de qui que ce fût.

— J’ose dire, madame, reprit-il, que vous serez aussi satisfaite de mon ami que de moi-même, et il est parfaitement en état de vous assister, ce que je ne suis point.

Il paraît qu’il avait ses mains pleines des affaires de