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MOLL FLANDERS

guinées à moi, comprenant aussi ce qui restait de mon argent.

J’accouchai d’un beau garçon, vraiment, et ce fut un charmant enfant ; et quand il l’apprit, il m’écrivit là-dessus une lettre bien tendre et obligeante, et puis me dit qu’il pensait qu’il y eût meilleur air pour moi de partir pour Londres aussitôt que je serais levée et remise, qu’il avait retenu des appartements pour moi à Hammersmith, comme si je venais seulement de Londres, et qu’après quelque temps je retournerais à Bath et qu’il m’accompagnerait.

Son offre me plut assez, et je louai un carrosse à ce propos, et prenant avec moi mon enfant, une nourrice pour le tenir et lui donner à téter et une fille servante, me voilà partie pour Londres.

Il me rencontra à Reading dans sa propre voiture, où il me fit entrer, laissant les servantes et l’enfant dans le carrosse de louage, et ainsi m’amena à mon nouveau logement de Hammersmith, dont j’eus abondance de raisons d’être charmée, car c’étaient de superbes chambres.

Et maintenant, j’étais vraiment au point extrême de ce que je pouvais nommer prospérité, et je ne désirais rien d’autre que d’être sa femme par mariage, ce qui ne pouvait pas être ; et voilà pourquoi en toutes occasions je m’étudiais à épargner tout ce que je pouvais, comme j’ai dit, en prévision de la misère ; sachant assez bien que telles choses ne durent pas toujours, que les hommes qui entretiennent des maîtresses en changent souvent, en deviennent las, sont jaloux d’elles, ou une chose ou l’autre ; et parfois les dames qui sont ainsi bien traitées ne sont pas soigneuses à préserver, par conduite pru-