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MOLL FLANDERS

propres parents, à quoi il avait consenti, pour empêcher tout blâme à l’endroit du mauvais ménagement de la cure ; et que, cependant, il était venu à Bath pour se récréer l’esprit dans des circonstances si mélancoliques.

Ma propriétaire qui, de son propre gré, encourageait cette liaison en toutes occasions, me fit de lui un portrait fort avantageux, comme d’un homme d’honneur et de vertu, autant que de grande fortune ; et, en vérité, j’avais bonne raison de le croire, car bien que nous fussions logés tous deux de plain-pied, et qu’il fût souvent entré dans ma chambre, même quand j’étais au lit, ainsi que moi dans la sienne, il ne s’était jamais avancé au delà d’un baiser, ou ne m’avait sollicitée même de chose autre, jusque longtemps après, comme vous l’entendrez.

Je faisais fréquemment à ma propriétaire des remarques sur l’excès de sa modestie, et de son côté elle m’assurait qu’elle n’en était pas surprise, l’ayant aperçu dès l’abord ; toutefois, elle me répétait qu’elle pensait que je devais attendre quelques gratifications de lui, en faveur de ma société, car en vérité il semblait qu’il fût toujours à mes trousses. Je lui répondis que je ne lui avais pas donné la moindre occasion d’imaginer que j’en eusse besoin ou que je dusse rien accepter de sa part ; mais elle m’assura qu’elle s’en chargerait, et elle mena l’affaire avec tant de dextérité, que la première fois que nous fûmes seuls ensemble, après qu’elle lui eut parlé, il se mit à s’enquérir de ma condition, comment je m’étais entretenue depuis mon débarquement, et si je n’avais point besoin d’argent.

Je pris une attitude fort hardie ; je lui dis que, bien