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MOLL FLANDERS

dans cette contrée ; et maintenant une nouvelle scène de malheurs m’attendait ; peu de femmes peut-être ont traversé la pareille.

Nous fîmes assez bon voyage, jusqu’au moment de toucher la côte d’Angleterre, ce qui fut au bout de trente et deux jours, que nous fûmes secoués par deux ou trois tempêtes, dont l’une nous chassa sur la côte d’Irlande, où nous relâchâmes à Kinsale. Là nous restâmes environ treize jours, et, après nous être rafraîchis à terre, nous nous embarquâmes de nouveau, mais trouvâmes de nouveau du fort mauvais temps, où le vaisseau rompit son grand mât, comme ils disent ; mais nous entrâmes enfin au port de Milford, en Cornouailles où, bien que je fusse très loin de notre port de destination, pourtant ayant mis sûrement le pied sur le sol ferme de l’île de Bretagne, je résolus de ne plus m’aventurer sur les eaux qui m’avaient été si terribles ; de sorte qu’emmenant à terre mes hardes et mon argent, avec mes billets de chargement et d’autres papiers, je résolus de gagner Londres et de laisser le navire aller trouver son port ; le port auquel il était attaché était Bristol, où vivait le principal correspondant de mon frère.

J’arrivai à Londres au bout d’environ trois semaines, où j’appris, un peu après, que le navire était arrivé à Bristol, mais en même temps j’eus la douleur d’être informée que par la violente tempête qu’il avait supportée, et le bris du grand mât, il avait été fortement avarié, et qu’une grande partie de la cargaison était toute gâtée.

J’avais maintenant une nouvelle scène de vie sur les mains, et qui avait une affreuse apparence ; j’étais partie