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MOLL FLANDERS

à de plus sobres résolutions, mais ce fut alors aussi avec ce malheur que l’opinion de ma mère et la mienne différaient entièrement l’une de l’autre, étant contradictoires ; car l’opinion de ma mère était que je devais enterrer l’affaire profondément, et continuer à vivre avec lui comme mon mari, jusqu’à ce que quelque autre événement rendît la découverte plus aisée ; et que cependant elle s’efforcerait de nous réconcilier et de restaurer notre confort mutuel et la paix du foyer ; et ainsi que toute l’affaire demeurât un secret aussi impénétrable que la mort. — Car, mon enfant, dit-elle, nous sommes perdues toutes deux s’il vient au jour.

Pour m’encourager à ceci, elle promit de rendre ma condition aisée et de me laisser à sa mort tout ce qu’elle pourrait, en part réservée et séparée de mon mari ; de sorte que si la chose venait à être connue plus tard, je serais en mesure de me tenir sur mes pieds, et de me faire rendre justice par lui.

Cette proposition ne s’accordait point avec mon jugement, quoiqu’elle fût belle et tendre de la part de ma mère ; mais mes idées couraient sur une tout autre route.

Quant à garder la chose enserrée dans nos cœurs, et à laisser tout en l’état, je lui dis que c’était impossible ; et je lui demandai comment elle pouvait penser que je pourrais supporter l’idée de continuer à vivre avec mon propre frère. En second lieu je lui dis que ce n’était que parce qu’elle était en vie qu’il y avait quelque support à la découverte, et que tant qu’elle me reconnaîtrait pour sa fille, avec raison d’en être persuadée, personne d’autre n’en douterait ; mais que si elle mourait avant la décou-