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MOLL FLANDERS

Un matin, il ôte un diamant de son doigt, et écrit ces mots sur le verre du châssis de ma chambre :

C’est vous que j’aime et rien que vous.

Je lus, et le priai de me prêter la bague, avec laquelle j’écrivis au-dessous :

En amour vous le dites tous.

Il reprend sa bague et écrit de nouveau :

La vertu seule est une dot.

Je la lui redemandai et j’écrivis au-dessous :

L’argent fait la vertu plutôt.

Il devint rouge comme le feu, de se sentir piqué si juste, et avec une sorte de fureur, il jura de me vaincre et écrivit encore :

J’ai mépris pour l’or, et vous aime.

J’aventurai tout sur mon dernier coup de dés en poésie, comme vous verrez, car j’écrivis hardiment sous son vers :

Je suis pauvre et n’ai que moi-même.

C’était là une triste vérité pour moi ; je ne puis dire s’il me crut ou non ; je supposais alors qu’il ne me croyait point. Quoi qu’il en fût, il vola vers moi, me prit dans ses bras et me baisant ardemment et avec une passion inimaginable, il me tint serrée, tandis qu’il demandait