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à la cour, et qu’il voulait me montrer un peu du beau monde. Je lui répondis que je ne m’inquiétais pas du lieu où j’allais, tant que j’avais l’honneur de l’avoir avec moi. Il me conduisit ainsi au beau palais de Meudon, où le Dauphin était alors, et où il avait quelque intelligence particulière avec un des serviteurs du Dauphin, qui me donna asile dans ses appartements pendant que nous y restâmes, c’est-à-dire trois ou quatre jours.

Durant mon séjour, il se trouva que le roi vint de Versailles, et, ne s’arrêtant que très peu, fit visite à Mme la Dauphine qui était alors vivante. Le prince était là incognito par la seule raison qu’il était avec moi ; aussi, lorsqu’il apprit que le roi était dans les jardins, il se tint enfermé dans les appartements ; mais le gentilhomme chez lequel nous étions, avec sa dame et plusieurs autres, sortit pour voir le roi, et j’eus l’honneur d’être invitée à aller avec eux.

Nous ne restâmes pas longtemps dans les jardins après avoir vu le roi ; nous remontâmes la large terrasse, et, en traversant la salle pour nous diriger vers le grand escalier, j’eus un spectacle qui me confondit d’un coup, comme je ne doute pas qu’il ne l’eût fait de toute femme au monde. Les gardes à cheval, ou, comme on les appelle là, les gens d’armes s’étaient pour une occasion quelconque, trouvés de service, ou ils avaient été passés en revue, ou quelque autre chose (c’était un sujet que je n’entendais pas) occasionnait leur présence ; je ne sais pas quoi, mais le fait est que, marchant dans la chambre des gardes, portant ses bottes de cheval et l’uniforme complet de la troupe, comme nos horse-guards (gardes à cheval) le portent lorsqu’ils sont de service, comme on dit, à Saint-James’s Park, je vis là, vous dis-je, à mon inexprimable stupéfaction, je vis M. ***, mon premier mari, le brasseur.

Je ne pouvais me tromper. Je passai si près de lui que je le frôlai presque de mes vêtements, et je le regardai bien en face, mais en ayant mon éventail devant mon visage, de sorte qu’il ne pouvait me reconnaître. Mais moi, je le reconnus parfaitement bien, et je l’entendis parler, ce qui était un second moyen de reconnaissance. Tout en étant, vous pouvez le croire, étonnée et surprise à cette vue, je me retournai après l’avoir