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une certaine vivacité de physionomie qui est loin d’être commune à tous les enfants si jeunes. Le prince me disait souvent qu’il croyait qu’il y avait quelque chose d’extraordinaire en lui, et qu’il ne doutait pas qu’il ne devînt un grand homme.

Je ne pus jamais l’entendre parler ainsi, sans en éprouver un plaisir secret ; cependant cela me touchait si profondément d’une autre manière, que je ne pouvais retenir un soupir et quelquefois des larmes ; une fois, en particulier, cela m’émut tellement que je ne pus le lui cacher. Mais lorsqu’il vit couler les larmes sur mon visage, il n’y eut plus moyen de lui en cacher la cause ; il était trop pressant pour être refusé en une chose qui l’intéressait si fort ; aussi lui répondis-je franchement :

« Ce qui m’affecte sensiblement, monseigneur, c’est que, quel que puisse être le mérite de ce petit être, il doive toujours avoir une barre sur son blason. L’accident de sa naissance sera toujours, non seulement une tache à son honneur, mais un obstacle à sa fortune dans le monde. Notre affection sera à jamais son affliction, et le crime de la mère sera le blâme du fils. La tache ne pourra jamais être effacée par les actions les plus glorieuses ; bien plus, s’il vit pour élever une famille, l’infamie devra descendre jusqu’à son innocente postérité. »

Cette pensée le frappa, et il me dit plusieurs fois ensuite qu’elle avait fait plus d’impression sur lui qu’il ne me l’avait laissé voir sur le moment ; mais, pour l’instant, il l’écarta en me disant qu’on ne pouvait empêcher ces choses-là ; qu’elles servaient d’aiguillon à l’ardeur des braves, leur inspiraient les principes de la vaillance, et les poussaient aux exploits ; que, bien qu’il pût être vrai que l’épithète d’illégitime s’attachât au nom, la vertu personnelle n’en mettait pas moins un homme d’honneur au dessus du reproche de sa naissance ; que, comme il n’avait pas eu part à la faute, il ne serait pas souillé par la tache, lorsque, s’étant par son propre mérite, mis à l’abri des atteintes du scandale, la mémoire de ses commencements se noierait dans sa gloire ; que, comme c’était l’habitude des gens de qualité de faire de petites escapades de ce genre, le nombre de leurs enfants naturels était si grand, et ils prenaient généralement tant de soin de leur éducation, que quelques-uns des plus grands hommes du