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tance. Ayant ainsi pourvu à tout, le comte, car c’est ainsi que nous l’appelions en public, venait me voir aussi souvent que je pouvais l’espérer, et continuait à être excessivement bon, comme il l’avait toujours été. Un jour que nous nous entretenions ensemble au sujet de ma grossesse, je lui dis que toutes les choses étaient parfaitement en ordre, mais que j’avais une étrange appréhension que je mourrais de cet enfant. Il répondit en souriant :

« C’est ce que disent toutes les dames, ma chère, quand elles sont enceintes.

» — Quoi qu’il en soit, monseigneur, repris-je, il n’est que juste que ce que vous m’avez accordé dans l’excès de votre générosité, ne soit pas perdu. »

Là-dessus, je tirai de mon sein un papier plié, mais non scellé, et le lui lus. J’y laissai l’ordre que toute la vaisselle et les bijoux, et le beau mobilier que Son Altesse m’avait donnés, lui fussent rendus par mes femmes, et que les clefs fussent remises à son gentilhomme en cas de malheur. Puis, je recommandai ma femme de chambre Amy à ses faveurs pour une somme de cent pistoles, à condition qu’elle donnât les clefs, comme je l’ai dit, au gentilhomme contre reçu de celui-ci. Lorsqu’il vit cela :

« Ma chère enfant, dit-il, en me prenant dans ses bras, et quoi ! avez-vous fait votre testament et disposé de vos biens ? Dites-moi, je vous prie, qui faites-vous votre légataire universel ?

« — Oui, monseigneur, lui répondis-je ; je l’ai fait, du moins de manière à vous assurer en cas de mort, la justice que je vous dois. Et en faveur de qui disposerais-je des choses précieuses que je tiens de vos mains comme des gages de vos bonnes grâces et des témoignages de votre générosité, sinon en faveur du donateur ? Si l’enfant vit, Votre Altesse, je n’en doute pas, agira d’une façon digne d’elle à cet égard, et j’aurai la confiance la plus entière qu’il sera bien traité par vos ordres. »

Je pus voir qu’il prenait très bien cela. Il me dit :

« J’ai oublié toutes les dames de Paris pour vous ; et chaque jour que j’ai vécu depuis que je vous connais m’a fait voir que vous savez mériter tout ce qu’un homme d’honneur peut faire dans votre intérêt. Soyez tranquille, enfant ; j’espère que vous ne