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avais été cependant dans une inquiétude continuelle à cause de la vie coupable que je menais, je pusse vivre maintenant dans la tranquillité la plus profonde, avec une paix ininterrompue, que dis-je ? allant même jusqu’à la satisfaction et à la joie, et néanmoins dans un état d’adultère encore plus palpable qu’auparavant. Auparavant, en effet, mon amant, qui m’appelait son épouse, avait le prétexte du départ de sa vraie femme d’avec lui, refusant de remplir vis-à-vis de lui ses devoirs de femme. Pour moi, les circonstances étaient bien les mêmes ; mais, pour le prince, en même temps qu’il avait une dame ou princesse, très belle et tout à fait hors de l’ordinaire, il avait aussi deux ou trois maîtresses, en outre de moi, et il ne s’en faisait aucun scrupule.

Cependant, je le répète, pour ce qui était de moi, je me laissais jouir dans une tranquillité parfaite. De même que le prince était la seule divinité que j’adorasse, de même étais-je réellement son idole ; et quoi qu’il en fût de sa princesse, je vous assure que ses autres maîtresses trouvaient la différence sensible. Bien qu’elles n’aient jamais pu me découvrir, j’ai su de bonne part qu’elles devinaient parfaitement que leur seigneur avait quelque nouvelle favorite, qui leur enlevait sa compagnie et, peut-être, quelque chose de sa libéralité ordinaire. Il faut maintenant que je mentionne les sacrifices qu’il fit à son idole ; ils ne furent pas peu nombreux, je vous l’affirme.

De même qu’il aimait en prince, il récompensait en prince ; car, bien qu’il refusât que je fisse figure, comme je l’ai dit plus haut, il me montra qu’il était au-dessous de lui d’en agir ainsi pour économiser la dépense. Il me le dit, ajoutant qu’il me donnerait l’équivalent en autres choses. Tout d’abord, il m’envoya une toilette, avec toute sa garniture en argent, jusqu’au corps même de la table ; puis, pour la maison, il donna la table ou buffet de vaisselle, dont j’ai déjà parlé, avec toutes les choses y appartenant, en argent massif ; si bien, en un mot, que je n’aurais pu, pour ma vie, trouver à lui rien demander en fait de vaisselle que je n’eusse déjà.

Il ne pouvait donc plus me fournir de rien autre que de bijoux et de vêtements, ou d’argent pour mes vêtements. Il