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» — Ce n’est qu’un vêtement plus commode, Monseigneur, lui dis-je, afin de pouvoir mieux servir Votre Altesse. »

Il m’attira à lui, disant :

« Vous êtes d’une parfaite obligeance. »

Puis, il s’assit sur le bord du lit, et reprit :

« Et maintenant, vous allez être princesse, et savoir ce que c’est que d’obliger l’homme le plus reconnaissant qui soit au monde. »

En parlant ainsi, il me prit dans ses bras… Je ne peux entrer dans plus de détails sur ce qui se passa alors, mais la conclusion fut qu’après tout je couchai avec lui cette nuit-là.

Je vous ai donné par le menu toute cette histoire, pour représenter, comme en un sombre plan, la manière dont les malheureuses femmes sont perdues par les grands personnages ; car, si la pauvreté et le besoin sont une irrésistible tentation pour les pauvres, la vanité et les grandeurs le sont pour d’autres. Être courtisée par un prince et par un prince qui avait d’abord été un bienfaiteur, puis un admirateur ; être appelée belle, la plus charmante femme de France ; être traitée comme une femme faite pour la couche d’un prince, ce sont là des choses telles qu’il faut qu’on n’ait en soi aucune vanité, ni même aucune corruption d’esprit, pour ne pas y céder ; et pour mon cas particulier, j’avais, comme on le sait, assez de l’une et de l’autre.

Maintenant ce n’était pas la pauvreté qui me pressait. Au contraire, je possédais dix mille livres sterling avant que le prince eût rien fait pour moi. Si j’avais été maîtresse de mes résolutions, si j’avais été moins prévenante et que j’eusse rejeté la première attaque, tout aurait été sauvegardé ; mais ma vertu était perdue déjà, et le diable, qui avait trouvé un chemin pour m’envahir avec une seule tentation, me domina cette fois aisément avec une autre. Je m’abandonnai donc à un personnage de haut rang il est vrai, mais qui n’en était pas moins l’homme le plus séduisant et le plus obligeant que j’ai jamais rencontré de ma vie.

J’eus à insister ici avec le prince sur le même point qu’avec