» — Pourquoi ? demanda-t-il.
» — Parce que, si ces bijoux vous sont trop précieux pour que vous les risquiez, vous m’êtes trop précieux pour que je vous risque ; et vous n’irez pas, à moins que vous ne me promettiez de ne pas vous attarder de façon à revenir pendant la nuit.
» — J’espère qu’il n’y a pas de danger, reprit-il, du moment que je n’ai sur moi rien de valeur. » Il ajouta : « Et de peur qu’il ne m’en reste, prenez aussi cela. »
Et il me donna sa montre en or et un riche diamant monté en bague qu’il portait toujours au doigt.
« Eh bien ! mais, mon cher, lui dis-je, vous me rendez plus inquiète que je ne l’étais : car si vous n’appréhendez aucun danger, pourquoi prenez-vous ces précautions ? Et si vous appréhendez qu’il y ait du danger, pourquoi y allez-vous ?
» — Il n’y a pas de danger si je ne reste pas tard, répondit-il. Et je n’ai pas l’intention de le faire.
» — Bien ; mais promettez-moi que vous ne le ferez pas. Autrement, je ne saurais vous laisser partir.
» — Je ne le ferai certainement pas, ma chère, à moins d’y être obligé. Je vous assure que je n’en ai pas l’intention. Mais s’il le fallait, je ne vaux plus la peine qu’on me vole maintenant, car je n’ai rien sur moi qu’environ six pistoles dans ma petite bourse, et cette petite bague. » Il me montrait un petit diamant monté en bague, valant de dix à douze pistoles, qu’il mit à son doigt, à la place du riche anneau qu’il portait d’ordinaire.
Je le pressai encore de ne pas rester tard, et il dit qu’il ne le ferait pas.
« Mais, ajouta-t-il, si je suis retenu plus tard que je ne m’y attends, je resterai toute la nuit, et je reviendrai le lendemain matin. »
Cela semblait une excellente précaution. Cependant, je n’avais pas encore l’esprit tranquille à son sujet ; je le lui dis, et le suppliai de ne pas y aller. Je lui dis que je ne savais quelle pouvait en être la raison, mais que j’avais dans l’esprit une terreur étrange à propos de son départ, et que, s’il y allait, j’étais persuadée qu’il lui arriverait quelque mal. Il sourit, et répliqua :