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J’appelai aussi Amy, et l’encourageai. Je lui dis que je prendrais soin de l’enfant et d’elle aussi, et je lui fis le même raisonnement, lui disant :

« Vraiment, Amy, tout cela est de ma faute. N’est-ce pas moi qui vous ai arraché vos vêtements de dessus le dos, et qui vous ai mise dans son lit ? »

C’est ainsi que moi, qui avais, en effet, été la cause de tout ce qui s’était passé de mal entre eux, je les encourageais l’un et l’autre lorsqu’ils avaient quelque remords, et les poussais à continuer plutôt qu’à se repentir.

Quand Amy fut grosse, elle alla en un lieu que je lui avais ménagé, et les voisins ne surent rien si ce n’est qu’Amy et moi nous nous étions séparées. Elle eut un vraiment bel enfant, une fille. Nous la mîmes en nourrice, et au bout de six mois environ, Amy revint chez son ancienne maîtresse. Mais ni mon amant, ni Amy ne se souciaient de recommencer à jouer le même jeu, car, comme il disait, la coquine aurait pu lui donner toute une maisonnée d’enfants à élever.

Nous vécûmes, après ces événements, aussi gaiement et aussi heureusement qu’on pouvait l’espérer, eu égard à notre situation ; je veux dire eu égard à notre prétendu mariage, etc., et aussi à l’absence absolue de scrupules où était monsieur à ce sujet. Mais, quelque endurcie que je fusse, et je crois que je l’étais autant que créature pervertie le fut jamais, — je ne pouvais l’empêcher : il y avait, il fallait qu’il y eût, des heures d’interruption et de réflexions noires qui pénétraient malgré moi, et jetaient des soupirs au milieu de toutes mes chansons ; il fallait qu’il y eût parfois une angoisse de cœur mêlée à toutes mes joies, et qui souvent tirait une larme de mes yeux. Que d’autres prétendent ce qu’ils voudront, je crois qu’il est impossible qu’il en soit autrement chez personne. Il ne peut y avoir de contentement solide dans une vie de perversité reconnue : toujours la conscience éclatera, toujours elle éclate à certains moments, fît-on tout ce qu’on pourrait pour l’en empêcher.

Mais c’est un récit, non un sermon que j’ai à faire. Quelque libre cours que prissent ces réflexions, quelque fréquemment que revinssent ces heures sombres, je faisais tous mes efforts