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de Leadenhall avec toute une charge de bonnes provisions de bouche (les détails sont ici inutiles), et apportant l’ordre d’apprêter le souper pour huit heures. Je ne voulus cependant rien servir avant de le voir. Mais il me donna le temps car il arriva avant sept heures, de sorte qu’Amy, qui avait pris quelqu’un pour l’aider, eut fait tous les préparatifs à l’heure dite.

Nous nous mîmes donc à souper vers huit heures, et nous fûmes vraiment très gais. Amy nous donna quelque amusement, car c’était une fille vive et spirituelle, et ses propos nous firent bien souvent rire. Toutefois, la coquine enveloppait ses saillies des meilleures manières que l’on puisse imaginer.

Mais abrégeons l’histoire. Après souper, il me conduisit en haut, dans sa chambre, où Amy avait fait un bon feu. Là, il tira un grand nombre de papiers et les étala sur une petite table ; puis il me prit par la main, et, après m’avoir donné mille baisers, il entra dans l’exposé de sa situation et de la mienne, montrant qu’elles avaient plusieurs points de rapport étroit ; par exemple, j’avais été abandonnée par mon mari dans la fleur de ma jeunesse et de ma force, et lui, par sa femme, au milieu de sa carrière ; la fin du mariage était détruite par la manière dont nous avions, l’un et l’autre, été traités, et il serait trop dur que nous fussions liés par les formalités d’un contrat dont l’essence n’existait plus.

Je l’interrompis pour lui dire qu’il y avait une très grande différence dans nos situations, et cela, en leur partie la plus essentielle, à savoir qu’il était riche et que j’étais pauvre ; qu’il était au-dessus du monde, et moi infiniment au-dessous ; que sa position était aisée et la mienne misérable, et que c’était là l’inégalité la plus profonde qu’on pût imaginer.

« — Quant à cela, ma chère, me dit-il, j’ai pris des mesures qui rétabliront l’égalité. »

En même temps, il me montrait un contrat écrit où il s’engageait envers moi à cohabiter constamment avec moi, et à me traiter à tous égards comme une épouse, avec un préambule où il répétait longuement la nature et les raisons de notre vie en commun, et où il s’obligeait, à peine d’une indemnité de 7,000 livres sterling, à ne jamais m’abandonner. Enfin, il me montra