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je n’avais pas un ami au monde à qui recourir ; je n’avais pas une espérance, non, pas même un morceau de pain ; je n’avais rien devant moi qu’une nouvelle chute dans le même malheur où j’avais été déjà.

Amy n’était que trop éloquente dans cette cause. Elle représentait toutes ces choses sous leurs couleurs propres et les raisonnait avec une extrême habileté. Enfin, la joyeuse luronne, lorsqu’elle vint pour m’habiller, me dit :

« Savez-vous, madame ? Si vous ne voulez pas consentir, dites-lui que vous ferez comme Rachel fit à Jacob, quand elle ne pouvait avoir d’enfant et qu’elle mit sa servante dans son lit. Dites-lui que vous ne pouvez vous rendre à ses désirs ; mais qu’il y a Amy, à laquelle il peut poser la question, parce qu’elle a promis de ne pas le refuser.

» — Et vous voudriez que je dise cela, Amy ? lui dis-je.

» — Non, madame, mais réellement je voudrais que vous le fissiez vous-même. D’ailleurs, vous êtes perdue si vous ne le faites pas ; et si, en le faisant, moi, cela vous empêchait d’être perdue, je l’ai déjà dit, je le ferai, s’il le veut. S’il me le demande je ne le refuserai pas, moi. Que je sois pendue si je le refuse ! dit Amy.

» — En vérité, je ne sais que faire, repris-je.

» — Ce que faire ! répondit Amy. Le choix est simple et net. Le voici : vous pouvez avoir un beau et charmant gentleman, être riche, vivre dans les plaisirs et l’abondance ; ou le refuser, et manquer de dîner, aller en haillons, vivre dans les larmes, bref, mendier et crever de faim. Vous savez que tel est le cas, madame, ajouta Amy. Je me demande comment vous pouvez dire que vous ne savez pas ce que faire.

» — Oui, Amy, le cas est tel que vous le dites, et je pense véritablement qu’il faudra que je lui cède. Mais, ajoutai-je, poussée par ma conscience, ne me parlez plus de cette hypocrisie qu’il est légitime que je me remarie, et qu’il doit aussi se remarier, et autres balivernes semblables. Tout cela est sottise, Amy. Il n’y a rien de vrai là-dedans. Que je n’en entende plus parler ; car si je cède, on aura beau mâcher les mots, je serai comme une prostituée, Amy, ni plus ni moins, je vous l’assure.