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nouvelles : si ma bonne Quakeresse la revoyait jamais, elle les lui ferait voir ; mais j’ordonnai particulièrement qu’Amy eut à laisser l’affaire de Spitalfields précisément comme je le faisais moi-même, entre les mains de mon amie, et à venir me retrouver ; à la condition, toutefois, qu’elle prouverait, à la pleine satisfaction de mon amie la Quakeresse, qu’elle n’avait pas assassiné mon enfant ; car, si elle l’avait fait, je dis à mon amie que je ne voulais plus jamais la revoir en face. Cela ne l’empêcha pas de me revenir plus tard sans donner à la Quakeresse aucune satisfaction de ce genre, ni aucun avis de son intention de venir.

Je n’en puis dire davantage maintenant, sinon que, comme il a été rapporté plus haut, étant arrivée en Hollande avec mon époux et son fils, dont il a été question, je m’y montrai avec tout l’éclat et le train convenables à nos nouveaux projets, ainsi que je l’ai déjà indiqué.

Là, après quelques années de circonstances propices et extérieurement heureuses, je tombai dans une épouvantable suite de revers, et Amy également, exacte contre-partie de nos anciens jours de fortune, le souffle irrité du ciel sembla suivre le tort fait par l’une et l’autre de nous à ma pauvre fille, et je fus de nouveau ramenée si bas que mon repentir ne parut que la conséquence de ma misère, comme ma misère l’était de mon crime[1].


FIN
  1. Ainsi se termine, brusquement et d’une façon déconcertante pour la curiosité, le roman de Defoe, tel qu’il le publia en 1724. Plus de 20 ans après, en 1745, parut une suite, avec une longue préface, où l’éditeur s’efforce de faire croire que c’est une œuvre posthume du célèbre écrivain. Cette suite, assez courte, du reste, ne se rattache qu’imparfaitement au récit tel qu’il avait été laissé en 1724 ; on y trouve même de nombreuses contradictions. Le style, le ton général, tout est différent ; le morceau est donc sans aucune authenticité pour nous. Nous avons pensé qu’il valait mieux conserver aux mémoires de Lady Roxana le vague dans lequel Defoe en a volontairement enveloppé la fin, que d’allonger notre traduction d’une soixantaine de pages apocryphes. — La division du roman en chapitres a été introduite par le traducteur pour faciliter la lecture. Il n’y a aucune division dans le texte original. C’est, d’ailleurs, la seule liberté qu’on ait prise. (N. D. T.)