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La Quakeresse. — Je suis ici en visite chez des amis à moi, et je pense que tu n’es pas très polie en me suivant jusqu’ici.

La fille. — Je suis venue dans l’espoir de découvrir ce que je cherche pour ma grande affaire, que vous savez.

La Quakeresse. — Tu es venue étourdiment, en vérité. Je te conseille de t’en retourner et de rester tranquille. Je tiendrai ma parole vis-à-vis de toi, que je ne me mêlerais de rien, ni ne te donnerais aucun renseignement, si j’en avais, à moins d’avoir ses ordres.

La fille. — Si vous connaissiez mon malheur, vous ne sauriez être si cruelle.

La Quakeresse. — Tu m’as dit toute ton histoire, et je pense qu’il y aurait plus de cruauté à te dire qu’à ne pas te dire ; car, d’après ce que je comprends, elle est décidée à ne pas te voir, et elle déclare qu’elle n’est pas ta mère. Veux-tu qu’on te reconnaisse là où tu n’as pas de lien ?

La fille. — Ah ! si je pouvais seulement lui parler, je prouverais si bien le lien qui m’attache à elle qu’elle ne pourrait le nier plus longtemps.

La Quakeresse. — Bon ; mais tu ne peux pas lui parler, à ce qu’il semble.

La fille. — J’espère que vous me direz si elle est ici. Je tiens de bonne source que vous êtes venue la voir, et qu’elle vous a envoyé chercher.

La Quakeresse. — Je m’étonne beaucoup que tu puisses avoir un tel renseignement. Si je suis venue pour la voir, tu t’es apparemment trompée de maison, car je t’assure qu’on ne saurait la trouver dans cette maison-ci.

Alors la fille la pressa des plus ardentes instances et pleura amèrement, au point que ma pauvre Quakeresse en fut attendrie, et voulut ensuite me persuader d’y réfléchir et, si cela pouvait s’accorder avec mes intérêts, de la voir et d’écouter ce qu’elle avait à dire ; mais ceci viendra plus tard. Je reprends mon sujet.

La Quakeresse fut longtemps embarrassée d’elle. Elle parlait de renvoyer la voiture et de passer la nuit dans la ville. Mon amie savait que ce serait très gênant pour moi, mais elle n’osa pas s’y opposer d’un seul mot. Au contraire, cédant à une