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Quakeresse défendit qu’aucune de mes servantes bougeât, — alla lui ouvrir. Madame demanda ma Quakeresse par son nom, et la fille la pria d’entrer.

Alors, ma Quakeresse, voyant qu’il n’y avait pas à reculer, alla au-devant d’elle immédiatement, mais en prenant l’air le plus grave qu’elle eut à sa disposition, ce qui, vraiment, n’est pas peu dire.

Lorsqu’elle (la Quakeresse) entra dans la pièce, — on avait introduit ma fille dans un petit salon, — elle maintint la gravité de sa physionomie et ne dit pas un mot. Ma fille ne parla pas non plus pendant un bon moment ; mais au bout de quelque temps elle prit la parole et dit :

« Je suppose que vous me connaissez, Madame ?

» — Oui, dit la Quakeresse, je te connais. »

Et le dialogue continua.

La fille. — Alors vous connaissez aussi l’affaire qui m’amène.

La Quakeresse. — Non, véritablement ; je ne connais aucune affaire que tu puisses avoir ici avec moi.

La fille. — À la vérité, ce n’est pas surtout avec vous que j’ai affaire.

La Quakeresse. — Pourquoi, alors, viens-tu après moi, si loin ?

La fille. — Vous savez qui je cherche.

(Et là-dessus, elle se mit à pleurer.)

La Quakeresse. — Mais pourquoi me suis-tu pour cela, puisque je t’ai affirmé plus d’une fois que je ne savais pas où elle était.

La fille. — Mais j’espérais que vous pourriez le savoir.

La Quakeresse. — Il faut alors que tu espères que je n’ai pas dit la vérité, ce qui serait très mal.

La fille. — Je ne doute pas qu’elle ne soit dans cette maison.

La Quakeresse. — Si ce sont là tes pensées, tu peux t’informer dans la maison. Ainsi tu n’as plus d’affaire avec moi. Adieu !

(Elle fit mine de se retirer.)

La fille. — Je ne voudrais pas être impolie. Je vous prie de me la laisser voir.