Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/348

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien après avoir été mise à la porte qu’avant, et, ensuite, celle de mon mariage ; et le pire, c’est qu’elle savait non seulement qui mon mari était, mais où il avait demeuré, c’est-à-dire à Rouen, en France. Elle ne savait rien de Paris, ni de l’endroit où nous devions aller demeurer, c’est-à-dire Nimègue. Mais elle lui dit en propres termes que si elle ne pouvait me trouver ici, elle irait en Hollande me chercher.

Elles débarquèrent à Greenwich, et Amy l’emmena dans le parc avec elle. Elles y marchèrent plus de deux heures dans les allées les plus éloignées et les plus isolées ; ce qu’Amy faisait, parce que, comme elles parlaient avec une grande chaleur, il était visible qu’elles se querellaient, et que les gens les remarquaient.

Elles marchèrent tant qu’elles arrivèrent presque aux lieux sauvages qui sont sur le côté sud du parc ; mais la fille voyant qu’Amy faisait mine de s’engager parmi les taillis et les arbres, s’arrêta court et ne voulut pas aller plus loin ; elle déclara qu’elle n’entrerait pas là-dedans.

Amy sourit, et lui demanda ce qu’il y avait. Elle répliqua d’un ton bref qu’elle ne savait pas où elle était, ni où Amy se proposait de la mener, et qu’elle n’irait pas plus loin ; et sans plus de cérémonie, la voilà qui tourne sur les talons et s’éloigne. Amy avouait qu’elle fut surprise. Elle revint également et l’appela. La fille s’arrêta, et Amy, la rejoignant, lui demanda ce qu’elle pensait.

La fille répliqua hardiment qu’elle ne savait pas si elle ne pourrait pas l’assassiner ; bref elle ne voulait pas se risquer avec elle, et elle n’irait jamais plus seule en sa compagnie.

C’était fort outrageant ; pourtant Amy garda son calme en faisant un grand effort, et prit patience, sachant que cela pouvait avoir des conséquences graves. Elle se moqua de sa sotte méfiance, lui disant qu’elle n’avait pas besoin d’être inquiète à propos d’elle, qu’elle ne lui ferait pas de mal, et qu’elle lui aurait fait du bien si elle avait voulu la laisser faire ; mais puisqu’elle était d’humeur si récalcitrante, elle ne se dérangerait plus et elle ne se trouverait plus jamais en sa compagnie ; ni elle, ni son frère, ni sa sœur n’entendraient plus jamais parler d’elle, ni ne la