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reçus de Mrs Amy ; exposant les raisons qu’elle avait de croire que, comme Amy se donnait elle-même pour celle qui avait demeuré avec sa mère, et comme surtout elle avait été aussi la femme de chambre de lady Roxana et était venue de France avec celle-ci, ces circonstances et plusieurs autres qu’elle avait remarquées dans sa conversation la convainquaient également, que lady Roxana était sa mère et que lady ***, de la maison de la Quakeresse, était précisément la même Roxana dont elle avait été la servante.

Ma bonne amie, la Quakeresse, bien que terriblement révoltée de l’histoire, et ne sachant trop que dire, était cependant trop mon amie pour paraître convaincue d’une chose dont elle ne savait pas si elle était vraie, et qu’elle voyait clairement, si elle était vraie, que je désirais tenir cachée. En conséquence, elle parla de manière à la dissuader par le raisonnement. Elle appuya sur la faible preuve qu’elle avait du fait en lui-même, sur l’insolence qu’il y aurait à revendiquer une parenté si proche avec une personne tellement au-dessus d’elle, dont elle ne savait pas si elle était réellement concernée dans la chose, ou du moins sur le compte de laquelle elle n’avait pas de preuve suffisante ; la lady qui avait demeuré chez elle était une personne au-dessus de toute feinte, et elle ne pouvait croire qu’elle la désavouât pour sa fille si elle était véritablement sa mère ; elle avait, d’ailleurs, les moyens de lui assurer un sort convenable si elle avait le désir de ne pas se faire connaître ; enfin elle avait entendu elle-même tout ce que cette dame avait dit de lady Roxana, et que, bien loin d’avouer qu’elle était la même personne, elle avait qualifié cette lady de contrebande de fourbe et de femme publique ; et il était bien certain qu’on ne l’amènerait jamais à avouer un nom et une conduite qu’elle avait traités avec un si juste mépris.

Elle lui dit encore que sa locataire, c’est-à-dire moi, n’était pas une lady pour rire, mais la vraie femme d’un chevalier baronnet ; elle savait personnellement qu’il en était ainsi, et que la personne décrite par la jeune fille était bien au-dessous d’elle. Elle ajouta ensuite qu’elle avait une autre raison pour laquelle il n’était guère possible que la chose fût vraie :