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« Vraiment, répondit-elle, lady *** a plusieurs servantes, et je ne connais pas tous leurs noms.

» — Mais sa femme de confiance, sa favorite, insista la fille ; son nom n’est-il pas Amy ?

» — Eh ! en vérité, s’écria la Quakeresse avec beaucoup d’esprit et d’à-propos, je n’aime pas les interrogatoires ; mais pour que tu n’ailles pas te figurer des sottises à cause de ma répugnance à parler, je te répondrai une fois pour toutes que quel est le nom de sa femme de confiance, je l’ignore ; mais qu’on l’appelle Cherry. »

Remarquons que mon mari lui avait donné ce nom par plaisanterie le jour de nos noces, et que, depuis, nous l’appelions toujours ainsi ; de sorte qu’à ce moment elle disait littéralement vrai.

La fille répliqua avec beaucoup de modestie que si sa question l’avait offensée, elle en était bien fâchée ; qu’elle n’avait point le dessein d’être grossière envers elle, et ne prétendait point lui faire subir d’interrogatoire ; mais elle était dans un tel désespoir devant ce malheur qu’elle ne savait ce qu’elle faisait ni ce qu’elle disait ; elle serait désolée de la désobliger, mais elle la priait encore, puisqu’elle était chrétienne et femme, et qu’elle avait été mère, et qu’elle avait des enfants, de vouloir la prendre en pitié, et, s’il était possible, l’aider à parvenir jusqu’à moi et, me dire quelques mots.

La tendre Quakeresse me rapporta que la fille avait dit cela avec une éloquence si touchante qu’elle lui avait arraché des larmes ; mais elle fut obligée de lui déclarer qu’elle ne savait ni où j’étais allée, ni comment m’écrire ; cependant, si jamais elle me revoyait, elle ne manquerait pas de me rendre compte de tout ce que la jeune fille lui avait dit et de ce qu’elle jugerait convenable de dire encore, ni de recevoir la réponse que j’y ferais, si je jugeais bon d’en faire une.

Ensuite la Quakeresse prit la liberté de lui demander quelques détails sur cette triste histoire, comme elle l’appelait. Alors la fille, prenant aux premiers malheurs de ma vie et en même temps de la sienne, déroula tout de son éducation misérable, de son service chez lady Roxana, et des secours qu’elle avait