quelque charité, ou si vous avez quelque compassion pour les misérables ; car c’en est fait de moi, absolument.
» — Tu m’épouvantes avec des paroles si exaltées, dit la Quakeresse. Et véritablement je ne puis te comprendre.
» — Oh ! reprit-elle, elle est ma mère ! Elle est ma mère ! et elle ne me reconnaît pas.
» — Ta mère ! répéta la Quakeresse qui commençait à être fortement émue. Tu me plonges dans l’étonnement ? Que veux-tu dire ?
» — Je ne veux rien dire que ce que je dis. Je le dis encore : elle est ma mère et elle ne veut pas me reconnaître. » Et elle se tut en versant un flot de larmes.
« Ne pas te reconnaître ! » dit la Quakeresse, et la tendre et bonne créature se mit à pleurer aussi.
« Mais, reprit-elle, elle ne te connaît pas ; elle ne t’avait jamais vue.
» — Non, dit la fille ; je crois qu’elle ne me connaît pas ; mais je la connais, et je sais qu’elle est ma mère.
» — C’est impossible ! Tu racontes des choses incompréhensibles. Veux-tu t’expliquer un peu à moi ?
» — Oui, oui, répondit-elle ; je peux m’expliquer suffisamment. Je suis sûre qu’elle est ma mère. Je me suis brisé le cœur à la chercher ; et maintenant la perdre encore, lorsque j’étais si sûre de l’avoir trouvée, ce serait me briser le cœur bien plus réellement.
» — Bien ; mais si c’est ta mère, reprit la Quakeresse, comment se peut-il qu’elle ne te connaisse pas ?
» — Hélas ! je suis perdue pour elle depuis mon enfance. Elle ne m’a jamais vue.
» — Et toi, ne l’as-tu jamais vue ? demanda la Quakeresse.
» — Si, répondit-elle ; je l’ai vue. Bien souvent, je l’ai vue ; car lorsqu’elle était lady Roxana, du temps que j’étais domestique, j’étais fille de cuisine chez elle ; mais je ne la connaissais pas alors, ni elle moi. Mais tout s’est dévoilé depuis. N’a-t-elle pas une femme de chambre nommée Amy ? »
Il faut noter ici que l’honnête Quakeresse fut mise à quia et grandement surprise par cette question.