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me servir, mais rien de mal ou de déshonorant. Afin de pouvoir dire hardiment à la créature, si elle venait, qu’elle ne savait pas où j’étais allée, elle me pria de ne pas le lui dire ; et pour rendre son ignorance plus complètement inoffensive pour elle comme pour moi, je lui permis de déclarer qu’elle nous avait entendus parler d’aller à Newmarket, etc. Elle approuva cela, et je laissai tout le reste à sa discrétion, pour agir comme elle le jugerait convenable ; je la chargeai seulement, si la fille entamait l’histoire de Pall Mall, de ne pas encourager ses discours sur ce sujet, mais de lui faire entendre que nous trouvions tous qu’elle en parlait avec un peu trop de détails, et que la dame (c’est-à-dire moi) avait pris un peu en mauvaise part d’être ainsi comparée à une femme galante, ou à une comédienne, ou quelque chose de semblable ; de façon à l’amener, si possible, à n’en pas dire davantage. Cependant, tout en ne disant pas à mon amie, la Quakeresse, le moyen de m’écrire, ni où je serais, je laissai entre les mains de sa femme de chambre un papier cacheté pour lui remettre, où je lui donnai l’adresse à laquelle elle pourrait écrire à Amy, et ainsi, en réalité, à moi-même.

Il n’y avait que quelques jours que j’étais partie lorsque l’impatiente fille vint à mon appartement sous prétexte de voir comment j’allais, et pour savoir si j’avais l’intention de faire le voyage, et le reste. Mon fidèle agent était à la maison et la reçut froidement à la porte ; elle lui dit que la dame, pour laquelle elle venait sans doute, avait quitté sa maison.

Cela arrêta brusquement tout ce qu’elle avait à dire pour un bon moment ; mais comme elle restait tergiversant à la porte et cherchant sur quoi entamer une conversation, elle s’aperçut que mon amie la Quakeresse avait l’air un peu gênée, comme si elle eût voulu rentrer et fermer la porte. Cela la blessa au vif. De plus, la fine Quakeresse ne l’avait pas même invitée à entrer ; car, la voyant seule, elle s’attendait à ce qu’elle serait très impertinente, et elle en concluait que peu m’importerait la froideur avec laquelle elle l’aurait reçue.

Mais l’autre n’était pas fille à se laisser congédier ainsi. Elle dit que si l’on ne pouvait parler à lady ***, elle désirait lui dire