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tel jour, pour leur donner un bal. Et ce fut vraiment une cohue serrée.

» — Je crois que vous m’avez dit que le roi y était, n’est-ce pas, sœur ?

» — Non, madame, reprit-elle, ce fut la seconde fois. Le roi, dit-on, avait entendu dire avec quelle perfection la dame turque avait dansé ; et il était là pour la voir. Mais, si Sa Majesté était réellement là, elle y était venue déguisée.

« — C’est-à-dire ce qu’on appelle incognito, dit mon amie la Quakeresse ; tu ne peux pas croire que le roi ait voulu se déguiser.

» — Si, dit la fille ; il en était ainsi. Il ne vint pas publiquement avec ses gardes, mais nous savions tous suffisamment lequel était le roi, c’est-à-dire celui que l’on désignait comme le roi.

» — Voyons le costume turc, dit la femme du capitaine. Racontez-nous cela, je vous prie.

» — Eh bien, dit-elle, mylady se tenait dans un joli petit salon qui ouvrait sur la grande salle et où elle recevait les hommages de la compagnie. Lorsque la danse commença, un grand seigneur, j’oublie comment on l’appelait, mais c’était un très grand seigneur, ou un duc, je ne sais lequel, — la prit et dansa avec elle. Mais au bout d’un instant, mylady tout à coup ferma le petit salon, et courut en haut avec sa femme de confiance, Mrs Amy ; et quoi qu’elle ne fût pas restée longtemps absente (je suppose qu’elle avait préparé tout cela d’avance), elle redescendit habillée de la plus étrange façon que j’aie jamais vue de ma vie ; mais c’était excessivement joli. »

Ici elle s’engagea dans la description du costume, telle que je l’ai donnée déjà ; mais elle y fut si exacte que je fus surprise de la manière dont elle la détaillait ; il n’y avait pas une seule petite chose d’omise.

J’étais maintenant dans une nouvelle perplexité ; car cette jeune friponne expliquait si complètement toutes les particularités du costume que mon amie la Quakeresse changea de couleur et me regarda deux ou trois fois pour voir si je ne rougissais pas aussi. Elle s’était, en effet, comme elle me l’a dit