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effet, si elle avait su tout, j’aurais pu plus librement me fier à elle qu’à la fille, et de beaucoup ; j’aurais même été parfaitement tranquille avec elle.

Cependant, comme je l’ai dit, la conversation de la fille me mettait terriblement mal à l’aise, et plus encore lorsque la femme du capitaine prononça le nom de Roxana. Ce que mon visage pouvait faire pour me trahir, je l’ignore, car je ne me voyais pas ; mais mon cœur battait comme s’il eût voulu sauter jusqu’à ma bouche, et mon émotion était si grande que, faute de pouvoir lui donner issue, je pensai que j’allais éclater. En un mot, j’étais dans une sorte de rage silencieuse, car la violence que je m’imposais pour dominer mon émotion était telle que je n’ai jamais senti rien de pareil. Je n’avais pas d’issue, personne à qui m’ouvrir, ou à qui me plaindre, pour me soulager ; je n’osais quitter la chambre sous aucun prétexte, car alors elle aurait dit l’histoire en mon absence, et j’aurais été dans une inquiétude perpétuelle de savoir ce qu’elle avait dit ou n’avait pas dit ; bref, je fus forcée de rester là assise, et de l’entendre raconter toute l’histoire de Roxana, c’est-à-dire de moi, tout en ne sachant pas si elle était sérieuse ou si elle plaisantait, si elle me connaissait ou non, en un mot, si je devais être démasquée ou ne l’être pas.

Elle commença à dire d’une manière générale où elle demeurait ; quelle place elle occupait ; quelle galante compagnie sa dame avait toujours dans la maison ; comment on y avait coutume de veiller toute la nuit, à jouer et à danser ; quelle belle dame sa maîtresse était, et quelle quantité d’argent les premiers domestiques recevaient ; quant à elle, déclara-t-elle, tout son travail était dans la maison à côté, de sorte qu’elle ne gagnait que peu, excepté une nuit qu’il y eut vingt guinées de données pour être distribuées parmi les domestiques, et où elle eut pour sa part deux guinées et demie.

Elle poursuivit en disant combien il y avait de domestiques, et comment ils étaient organisés ; mais, dit-elle, il y avait une Mrs Amy qui était au-dessus d’eux tous ; et celle-là, étant la favorite de la dame, gagnait beaucoup. Elle ne savait pas si Amy était son nom de baptême ou son nom de famille ; mais