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que sa tête avait pu retenir de Roxana et des jours de plaisir que j’avais passés dans cette partie de la ville, il semblait qu’un autre accident allât nous renverser de nouveau.

J’étais dans une sorte de déshabillé quand elles arrivèrent, portant un vêtement lâche, semblable à une robe du matin, mais plutôt à la mode italienne. Je n’en avais point changé quand j’étais montée, et m’étais contentée d’arranger un peu mes cheveux. Comme on avait dit que j’avais été récemment très malade, ce costume convenait assez pour garder la chambre.

Cette veste, ou robe de matin, appelez-la comme il vous plaira, suivait plus les contours que celles que nous portons maintenant, montrant le corps dans sa vraie forme et peut-être d’une façon trop visible, si elle avait été portée là où des hommes doivent entrer ; mais entre nous c’était suffisamment convenable, surtout pour la saison chaude ; la couleur était verte, à figures, et l’étoffe en damas français, très riche. Cette robe ou veste mit en mouvement la langue de la fille, et sa sœur, comme elle l’appelait, la poussa ; car, comme elles l’admiraient toutes les deux, et qu’elles étaient occupées de la beauté du vêtement, du charmant damas, de la magnifique garniture, et du reste, ma fille lança un mot à sa sœur, la femme du capitaine :

« C’est une affaire exactement pareille que je vous ai dite, avec laquelle la lady dansait.

» — Quoi, dit la femme du capitaine, la lady Roxana, dont vous m’avez parlé ? Oh ! c’est une délicieuse histoire ; racontez-la à madame.

Je ne pouvais pas ne pas dire de même, quoique, du fond de l’âme, je l’eusse voulu dans le paradis, rien que pour en avoir parlé. Et même je ne voudrais pas affirmer que, si elle avait été emportée du côté opposé au paradis, ce n’eût pas été la même chose pour moi, pourvu que j’eusse été débarrassée d’elle et de son histoire ; car, lorsqu’elle en arriverait à décrire le costume turc, il était impossible que la Quakeresse, qui était une personne fine et pénétrante, n’en reçut pas une impression plus dangereuse que la fille elle-même, avec cette différence, pourtant, qu’elle n’était pas elle une femme dangereuse ; et, en