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surprise, car elle s’était fortement mis dans l’esprit qu’Amy était réellement sa mère, et que, pour quelques raisons particulières, elle se cachait d’elle. Aussi, lorsque Amy lui dit franchement qu’elle n’était pas sa mère, la fille se prit à pleurer, et Amy eut beaucoup de peine à la remettre. Quand Amy l’eut un peu ramenée à elle et qu’elle fut revenue de son premier trouble, Amy lui demanda ce qu’elle avait. La pauvre fille se suspendit à elle, et l’embrassa ; elle était encore si émue, quoique ce fût une grande fille de dix-neuf ou vingt ans, qu’on ne pût la faire parler pendant un grand moment. À la fin, retrouvant sa langue, elle s’écria :

« Oh ! mais, ne dites pas que vous n’êtes pas ma mère ! Je suis sûre que vous êtes ma mère. »

Et elle se remettait à pleurer comme si elle avait dû en mourir. Amy fut assez longtemps sans savoir ce qu’elle avait à faire d’elle. Elle hésitait à lui dire qu’elle n’était pas sa mère, parce qu’elle ne voulait pas la rejeter dans un nouvel accès de crise. Elle prit un léger détour, et lui dit :

« Mais, enfant, pourquoi voudriez-vous que je fusse votre mère ? Si c’est parce que je suis si bonne envers vous, soyez tranquille, ma chère enfant, je continuerai à être aussi bonne envers vous que si j’étais votre mère.

» — Oui, oui, reprit la jeune fille. Mais je suis sûre que vous êtes aussi ma mère ; et qu’ai-je fait pour que vous ne vouliez pas me reconnaître, pour que vous ne vouliez pas être appelée ma mère ? Bien que je sois pauvre, vous avez fait de moi une femme bien élevée, et je ne ferai rien qui vous déshonore. Et puis, ajouta-t-elle, je sais garder un secret, surtout pour ma mère, bien sûr. »

Et la voilà qui appelle Amy sa mère, qui se suspend de nouveau à son cou, et se reprend à pleurer violemment.

Ces dernières paroles de la jeune fille alarmèrent Amy, et, comme elle me le dit, l’effrayèrent terriblement. Elle en fut même si confondue qu’elle ne put se maîtriser ni cacher son trouble à la fille, comme vous allez le voir. Elle se trouva arrêtée court et confuse au dernier point. La fille, adroite friponne, s’en prévalut aussitôt.