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peine conçu dans mon sein, afin qu’il ne souffrît pas du péché de son père et de sa mère. Aussi, bien qu’il m’aimât réellement beaucoup, j’avais cependant lieu de croire que c’était par ce même principe de justice envers l’enfant qu’il était revenu en Angleterre me chercher avec le dessein de m’épouser, et comme il disait, de sauver l’innocent agneau d’une infamie pire que la mort.

C’est en m’adressant un juste reproche que je dois répéter encore que je ne lui portais pas le même intérêt, quoique ce fût l’enfant de ma propre chair ; mais je n’eus jamais pour cet enfant l’amour cordial et tendre qu’il avait. Quelle en était la raison, je ne saurais le dire. J’avais, il est vrai, montré une négligence générale à son endroit pendant toutes les années dissipées de mes fêtes de Londres, si ce n’est que j’envoyais Amy s’informer de lui de temps en temps et payer sa nourrice. Quant à moi, c’est à peine si je l’avais vu quatre fois pendant les quatre premières années de sa vie, et j’avais souvent souhaité qu’il s’en allât tranquillement de ce monde. Au contraire, je prenais un soin tout autre d’un fils que j’avais eu du joaillier, et je lui montrais un tout autre intérêt, bien que je ne me fisse pas connaître de lui ; en effet, j’avais subvenu parfaitement à tous ses besoins, je lui avais fait donner une très bonne éducation, et quand il avait été d’âge convenable, je l’avais fait partir avec une personne honnête et dans de bonnes affaires, pour les Indes Orientales ; et là, lorsqu’il y eut été quelque temps et qu’il commença à opérer à son compte, je lui envoyai en différentes fois la valeur de plus de deux mille livres sterling, avec quoi il fit le commerce et s’enrichit ; et, il faut l’espérer, il pourra revenir à la fin avec quarante ou cinquante mille livres dans sa poche, comme beaucoup l’ont fait, qui n’avaient pas eu un tel encouragement à leurs débuts.

Je lui envoyai aussi là bas une femme, une belle jeune fille, bien élevée, extrêmement bonne et agréable ; mais le jeune dégoûté ne la trouva pas de son goût, et il eut l’impudence de m’écrire, j’entends d’écrire à la personne que j’employais pour correspondre avec lui, de lui en envoyer une autre, promettant de marier celle que je lui avais adressée à un de ses amis qui