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fique façon, j’avais non seulement, dis-je, abandonné tout à fait la ligne de conduite dissipée et coupable que j’avais suivie auparavant, mais je commençais à la regarder derrière moi avec cette horreur et cette détestation qui est la compagne assurée, sinon l’avant-coureur, du repentir.

Quelquefois les prodiges de ma position présente opéraient sur moi, et mon âme avait des ravissements à propos de la facilité avec laquelle j’étais sortie des bras de l’enfer, et de ce que je n’étais pas engloutie dans la ruine définitive, comme le sont au commencement ou à la fin, la plupart de celles qui mènent une telle vie. Mais c’était là un essor trop haut pour moi. Je n’en étais pas arrivée à ce repentir qui s’élève du sentiment de la bonté céleste ; je me repentais du crime, mais c’était une sorte de repentir moins noble, excité plutôt par la crainte du châtiment que par le sentiment que la punition m’avait été épargnée et que j’avais heureusement touché terre après la tempête.

Le premier événement après notre arrivée à La Haye (où nous demeurâmes quelques temps) fut que mon époux me salua un matin du titre de comtesse, comme il avait dit qu’il avait l’intention de le faire en se faisant transférer l’héritage auquel cette dignité était attachée. Il est vrai que ce n’était qu’une réversion ; mais elle ne tarda pas à se produire, et comme tous les frères d’un comte sont appelés comtes, j’eus le titre par courtoisie trois ans environ avant de l’avoir en réalité.

Je fus agréablement surprise que cela vînt sitôt, et j’aurais voulu que mon époux prît sur mes biens l’argent qu’il y avait dépensé ; mais il rit de moi et alla son train.

J’étais alors au sommet de ma gloire et de ma prospérité. On m’appelait la comtesse de ***. J’avais obtenu sans le chercher ce à quoi je visais en secret, et c’était réellement la principale raison qui m’avait fait venir à l’étranger. Je pris alors un domestique plus nombreux ; je vécus dans une sorte de magnificence que je ne connaissais pas ; on m’appelait « Votre Honneur » à chaque mot ; j’avais une couronne derrière mon carrosse quoiqu’en même temps je ne susse pas grand’chose, rien du tout même, de mon nouvel arbre généalogique.

La première chose que mon époux prit sur lui d’arranger, fut