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Après un instant de silence, ce fut à mon tour de parler.

« Eh bien, dis-je, il est dur, en vérité, qu’un gentleman possédant une telle fortune soit venu jusqu’en Angleterre pour épouser une femme qui n’a rien. En tout cas, il ne sera pas dit que ce que j’ai, quoi qu’il soit, je ne l’apporterai pas au fond commun. »

Et là dessus je commençai à produire mes pièces.

D’abord, je tirai l’hypothèque que le bon sir Robert m’avait procurée, d’un revenu annuel de sept cents livres, d’un principal de quatorze mille livres.

En second lieu, je tirai une autre hypothèque territoriale, procurée par le même fidèle ami, qui, à trois reprises, avait avancé douze mille livres.

Troisièmement, je lui exhibai un paquet de petites valeurs obtenues de divers côtés, revenus de fermes et autres petites hypothèques comme on en trouvait en ce temps-là, montant à dix mille huit cents livres en principal, et donnant six cent trente-six livres par an. De sorte qu’en tout il y avait deux mille cinquante-six livres par an de rentrées constantes en argent comptant.

Lorsque je lui eus montré tout cela, je le déposai sur la table et le priai de le prendre, afin qu’il pût me donner une réponse à la seconde question. Quelle fortune avait-il de sa femme ? et je me mis à rire un peu.

Il regarda les papiers une minute, et puis me les tendit tous en disant :

« Je n’y toucherai pas, pas à un seul, avant que tout soit solidement placé en mains sûres pour votre propre usage et entièrement sous votre administration. »

Je ne saurais omettre ce que j’éprouvai pendant que tout cela se passait. Quoique ce fût joyeuse besogne après tout, je tremblais cependant dans toutes mes articulations plus que ne fit jamais, je suppose, Balthazar à la vue des caractères écrits sur sa muraille ; et j’en avais certes d’aussi justes motifs. — Pauvre misérable, me disais-je, est-ce que ma richesse mal acquise, produit d’une débauche prospère, d’une ignoble et vicieuse existence de prostitution et d’adultère, va être mêlée à